Quand « suite des aventures » rime avec « retour »…

C’est marrant d’avoir le syndrome de la page blanche comme ça. C’est la deuxième fois que ça m’arrive. Quand, trop d’émotions interviennent, et que la parole joue sa timide. Et pourtant, j’en ai des tas de choses à raconter ! Et puis pas grand chose en même temps…

Une année entière que je suis partie… et donc… ?

H-9.
J’ai la gerbe, le ventre noué et la tête ailleurs. Les larmes aux yeux, les mains tremblantes et le cœur serré. C’est un sentiment sur lequel je peine à mettre des mots. J’essaye de penser à autre chose, à mon écran de portable à nouveau cassé, à mon petit déjeuner qui ne va pas tarder, à mes amis qui sont toujours à 16810 kilomètres d’ici. Mais ça ne fonctionne pas, je reste obnubilée par les minutes qui défilent tout en étant incapable de les arrêter ; et je vois h-7 se transformer en h-3.

C’était le compte à rebours final et le jour fatidique est arrivé. Que dis-je, l’heure.
Je ne veux pas être là. Mais j’y suis.
Je me demande pourquoi et en même temps j’ai la réponse. J’ai envie de m’écouter, mais je ne veux pas l’entendre.

H-1,5.
Je me trouve là, assise dans la salle d’attente pour embarquer dans le deuxième vol le plus long de ma vie : le « retour ».
J’arrive même pas à réaliser ce qui m’arrive. Heureuse d’avoir la prise de courant juste à mes côtés pour pouvoir recharger mon téléphone je mange les chocolats aux raisins achetés la veille dans ma boutique préférée et pense aux kilos que j’ai encore pris. Et puis je rigole en pensant que je suis en fait plus légère car on m’a vidé mon compte en banque à cause de l’excès de poids de ma valise -les voleurs-. Je me dis qu’il y a des choses plus importantes dans la vie et je passe à autre chose. Je regarde dehors les avions stationnés sur le tarmac et me dis que je suis bien là. Là, au quasi même endroit qu’il y a un an. À l’aéroport de Melbourne. Le soleil brille, la température est impeccable et j’ai eu la chance d’avoir une matinée fantastique. Et je réalise « il y a deux heures j’étais en train de petit déjeuner au soleil et boire mon soy latte avec mon coloc ». Je me dis aussi que dans vingt-quatre heures je me dirai « hier j’étais toujours là-bas. Je venais de boire un café avec une copine dans un de mes lieux favoris et j’ai fait du skate pour rentrer chez moi avant d’enchaîner avec un brunch ». Le bonheur.

H-0.
Je m’étais dit que je ne pleurerai pas mais une phrase a suffit à me mettre la larme à l’œil « comment tu te sens ? »
Je me sens mal.
J’ai l’impression de délirer. À pleurer, sourire, répéter sans cesse des gestes de rejet et d’affection.
J’ai envie de me serrer dans mes bras et me dire que tout ira bien, car je sais que tout ira bien. Mais pas maintenant (?).

Ça me prend donc comme ça et je pense aussi à tout ce que je laisse derrière moi. À nouveau.

Mais c’est ça voyager.
C’est rencontrer, c’est vivre, c’est voir et découvrir. C’est se perdre dans les rues, oublier la date d’aujourd’hui et ne pas savoir de quoi demain sera fait. C’est des expériences, des surprises et aussi des déceptions. C’est des moments pas communs, des joies, des rires, des pleurs, des embrassades, des poignées de main serrées, des saluts de loin et des baisers. C’est mémoriser un nombre infernal de prénoms, se rappeler de chaque instant et continuer perpétuellement de se créer des souvenirs incroyables. C’est des questionnements, des moments flous, des instants vrais et des destins croisés. C’est des paysages, des moments uniques, simples, beaux, étranges, des instants qui nous sont propres, impossibles à décrire et puis dont on pourrait parler des heures entières. C’est des gens, d’un jour, parfois d’un soir et puis aussi pour la vie. C’est un truc spécial que l’on aura beau expliquer mais qu’uniquement quelques personnes auront la capacité et chance de comprendre. C’est une volonté, un désir profond, une envie, une maladie. C’est frénétique, contagieux, spontané, incroyable. C’est tenter, oser, toucher du bout des doigts, sentir, observer, comprendre, goûter, attraper, réaliser, parcourir, rêver éveillé.

Mais attendez. C’est pas ce qu’on appelle la ‘Vie’ ?

Et je remercie au même moment toutes les personnes qui m’ont accompagnées durant cette vie. Ces personnalités uniques qui m’ont fait ressentir des choses incroyables, qui m’ont fait pleurer à nouveau, de joie et de peine -car les sentiments je les accepte quels qu’ils soient-. Je remercie les opportunités de s’être créées, les jours de durer vingt-quatre longues heures et de défiler à un rythme constant. Je remercie la vie de m’avoir appris qu’en chaque chose se trouve une leçon, que l’argent n’est qu’un objet de troc et les rayons du soleil une bénédiction.
Je me remercie aussi d’avoir compris que vivre a du sens, quoi que je fasse. Que mes choix m’ont permis de faire des choses incroyables, que mes actions simples et être juste moi-même ont créé des émois et que ma spontanéité sans égale à su m’épater à de nombreuses reprises.
Je me sens bien, je me sens entière, je me sens moi. J’ai appris tellement, me suis découvert quelques talents, trouvé des passions et réussi à mettre enfin le doigt sur ce que je pensais ne jamais pouvoir trouver : mon sens de l’humour en anglais. Damn.

Et puis je pense aux copains qui attendent mon retour et qui vont me poser cette question : « C’était comment, l’Australie ? ». Et moi de répondre -ou non- « C’était… »
C’était.
C’est impossible à décrire en quelques mots.
Ce n’est pas un voyage que je veux et peux expliquer en détail comme l’on reviendrait de vacances. C’est une vie. Ma vie.

Je pense à toutes les choses accomplies, les gens rencontrés, les endroits découverts, les instants que j’effacerai volontiers, les scènes magiques auxquelles j’ai eu la chance d’assister et tous ces moments vécus intensément.

Et à l’instant où j’écris cela -déjà à des centaines de kilomètres de là où j’étais le matin-même- les écouteurs branchés à mon téléphone, je divague. Je regarde autour de moi tous ces gens assis dans l’appareil, puis je ferme les yeux : chaque chanson qui passe me fait penser à un instant précis de mon année, et je souris, alors qu’une nouvelle larme se forme sur ma joue toute rosée.

À peine une heure que je suis partie et la nostalgie m’envahit déjà. Qu’est-ce que ce sera demain ? De merveilleux souvenirs qui remonteront à la surface, voilà tout.

Puis je repense à la fameuse question que vous allez me poser en rentrant :
Qu’est-ce que j’ai fait dans ce pays pendant une année ?
Et je vais tout simplement pouvoir vous répondre, que,
« qu’est-ce que j’ai fait ?
Et bien…
j’ai grandi ».

 

(:

 

…et cet article ne sera certainement pas le dernier de mon aventure humaine, je vous le garanti.

L’histoire continue.

xxxx

8 commentaires sur « Quand « suite des aventures » rime avec « retour »… »

  1. merci de nous avoir fait part de votre voyage, tout en restant silencieux pour ne pas intervenir dans la vague de sentiments qui vous ont bercés et qui vous appartiennent à vous seule ! Merci de tout coeur !!! Anne-Marie et Baudouin (Belgique).

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  2. ….
    Si tu peux rester digne en étant populaire,
    Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
    Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
    Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi

    Tu seras ……….. ma fille
    >3

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  3. oui, c’est ça la vie! et oui, tu as grandi, aussi joliment, intensément, profondément, solidement et doucement que tu le décris… je t’aime

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